Le 25 août 1944 à Maillé

Le sous-lieutenant Gustav SCHLUETER, commandant du gîte d'étape de Sainte-Maure, organise le massacre. Cet homme est un nazi, inscrit au parti depuis 1931. Avec le seul mot de "terroristes", il obtient toutes les autorisations. Dans la nuit, il fait déplacer deux pièces d'artillerie afin de bombarder Maillé depuis les hauteurs. Il obtient des moyens de transport et des hommes. Il fixe l'attitude des trains qui, passant le long du bourg le lendemain, devront tirer sur le village.

Le lendemain matin, aux alentours de 8 heurs, des soldats se postent au sud-est du village avec une dizaine de voitures camouflées par des branchages. Ils interdisent l'accès au bourg.

 

Au ce moment, une escadrille d'avions anglais, attaquant un train, mitraille l'une des pièces d'artillerie destinée au bombardement de Maillé, la mettant hors d'usage. Le passage des avions a détourné l'attention de la plupart des villageois sur ce qui allait se passer. Ils ont pris les premiers incendies pour les conséquences de l'attaque alliée.

Tôt ce matin-là, mon grand-père, facteur à Maillé, est en route pour chercher le courrier au village voisin de la Celle-Saint-Avant, quand il aperçoit les troupes allemandes postées au sud du pays. Conscient du danger, il retourne aussitôt auprès de sa femme enceinte et leur petite fille de 15 mois. Ma grand-mère, qui n'a alors pas encore 18 ans, insiste pour trouver refuge auprès de Mme GANDAR, l'institutrice. ils rejoignent donc la famille des instituteurs pour se cacher dans la cave de l'école avec d'autres personnes. Ce geste les sauve car ils ne sont pas encore à l'abri que les allemands sont déjà à la poste et lancent une grenade dans leur propre cave. Devant la porte de la cave de l'école, les soldats se contenteront de tirer. Miraculeusement, aucun des enfants présents dans la cave ne trahira sa présence en criant.

Tous n'auront pas leur chance. Les gens ont été traqués dans les champs, dans les maisons, les jardins, les caves... On les a mitraillés, fusillés. Certains ont été égorgés, d'autres étaient brûlés au lance-flamme. Le bétail est abattu lui aussi. Ensuite, après avoir massacré une famille, les allemands mettaient le feu aux bâtiments.

Seuls ont échappé à la mort les personnes qui ont pu se cacher avant l'arrivée des allemands ou qui ont simulé la mort sous des cadavres.

D'après les survivants, les massacreurs étaient jeunes, habillés de vert. Ils riaient. Ma grand-mère ne peut concevoir qu'ils n'aient pas été drogués.

Les massacreurs progressaient du sud vers le nord du village. Ils sont partis vers midi. Par deux fois, ils ont laissé une signature : un simple billet sur lequel est écrit : "C'est la punission des terroristes et de leurs assistents".

billets laissés comme signature



Après le départ des massacreurs, Maillé subit une canonnade à partir de la pièce d'artillerie encore en état ; 80 obus tombent sur le bourg.

En milieu d'après-midi, une nouvelle troupe de soldats descend d'un train en gare de Maillé. Elle interdit aux survivants de sortir de leurs cachettes avant le lendemain matin.

Toutefois, dans l'après-midi, l'abbé André PAYON, le curé de Maillé, absent du village pendant le massacre, parvient à rentrer dans le bourg et à parlementer avec les allemands présents pour faire évacuer les survivants. Ainsi, les rescapés cachés dans la cave de l'école devront enjamber les cadavres calcinés de la rue principale avant de pouvoir quitter le village.

Dans la soirée, quatre trains passent en direction de Tours. A chaque fois, des coups de feu seront tirés sur Maillé.